Ces dernières années, nous avons assisté à un intérêt croissant pour les fascias. Grâce à l’étude approfondie de ses caractéristiques et de ses fonctions, le fascia n’est plus considéré comme un organe de revêtement inutile. Les chercheurs sont même parvenus à identifier une corrélation entre les fascias et la douleur chronique qui touche environ 1 français sur 3.

Qu’est-ce que le fascia ?

Le fascia est un réseau continu qui entretient l’interdépendance et la communication entre toutes les parties de notre corps. Ce réseau élastique part de la surface de notre peau et s’étend vers l’intérieur de notre corps jusqu’au niveau de chaque cellule et même au-delà. Il représente plus d’un tiers de notre système musculo-squelettique.

La composante hormonale du fascia est importante pour comprendre les différences hommes/femmes en terme de douleurs myofasciales considérées comme prévalentes chez les femmes et qui varient selon les cycles hormonaux.

Il existe des relations entre les changements du fascia et les fluctuations des taux d’oestrogènes et de progestérone. La variation des hormones sexuelles favorise également les changements d’élasticité des structures lors de la grossesse. Cela peut aussi être à l’origine de raideur, d’inflammation et de douleurs.

Par exemple, des récepteurs sensibles aux oestrogènes et à la relaxine ont été trouvés dans les fascias musculosquelettiques (crural, thoraco-lombaire, fascia lata) indiquant que ceux-ci sont sensibles aux variations des hormones sexuelles. Après la ménopause, le nombre et la sensibilité de ces récepteurs auraient tendance à diminuer.

L’impact des variations des oestrogènes et de la relaxine sur l’élasticité du fascia

En 20219, la professeure Carla Stecco de l’Université de Padoue en Italie, reconnue internationalement par ces travaux sur le fascia, s’est intéressée à l’impact du cycle hormonal de la femme sur les fascias.

Les œstrogènes ont tendance à diminuer la production de collagène de type I (constitué de fibres épaisses et résistantes qui facilitent la transmission de force et créent de la raideur tout en renforçant les fascias) et à augmenter la production de collagène de type III (constitué de petites fibres plutôt élastiquesqui s’organisent en réseau) et de fibrilline (molécule qui intervient également sur l’élasticité des fascias). La production de collagène de type III est également stimulée lors de la grossesse afin d’accompagner les modifications corporelles.

Elle a découvert que le collagène de type III et la fibrilline augmentent pendant la phase ovulatoire alors que le collagène de type I diminue de 6% durant la phase folliculaire (lorsque le taux d’oestrogène augmente) et de 1,9% dans la phase péri-ovulaire (lors du pic d’oestrogène) et également durant la grossesse. En revanche, après la ménopause, le collagène de type I repart à la hausse.

D’autre part, durant la grossesse, l’hormone relaxine est sécrétée en grande quantité. La relaxine réduit la production de matrice extra-cellulaire (MEC) de par sa fonction antifibrotique. Cela permet le relâchement des ligaments ainsi que de tous les tissus du corps et implique une hyperlaxité.

En cas de contraception hormonale, cette dernière apporte des quantités constantes d’œstrogènes et de progestatifs pour inhiber les sécrétions de l’hypophyse et de l’hypothalamus, comme au cours d’une grossesse.

Les hormones sexuelles jouent donc un rôle clé dans le remodelage de la matrice extra-cellulaire. Ces facteurs entrent en jeu pour ajuster la tension du système fascial et interviennent dans la sensibilisation des nocicepteurs fasciaux.

Quels sont les impacts en terme de pratique du yoga pour les femmes ?

Durant la grossesse et les phases du cycle menstruel où le niveau d’œstrogènes est élevé (phase folliculaire, ovulatoire et dans une moindre mesure phase lutéale) ou en cas de contraception hormonale, il est important de favoriser la stabilité plutôt que la mobilité. Il est donc préférable d’utiliser de nombreux supports afin d’éviter les étirements passifs dans des postures tenues longtemps car la pratique régulière pourrait déstabiliser les articulations.

En effet, les ligaments assurent la stabilité et non la mobilité de l’articulation. Ainsi, lorsque les ligaments et les tendons ont été étirés de façon répétée au-delà de leur amplitude de mouvement au cours des phases les plus sensibles sur le plan hormonal de la vie d’une femme, ces derniers peuvent perdre leur élasticité et provoquer des douleurs. Peut-être avez-vous déjà entendu des femmes pratiquantes de yoga souffrir de douleurs sacro-iliaques ou peut-être en souffrez-vous vous-même. C’est cela que nous souhaitons éviter.

Les asanas ont été créés par des hommes pour les hommes. Nous sommes des êtres cycliques et le yoga nous apprend à respecter notre nature en adaptant notre pratique aux différents cycles de notre vie grâce à l’utilisation des supports. Ils nous permettent de prendre soin de nous et de pouvoir pratiquer le yoga sur le long terme sans souffrir tôt ou tard de douleurs myofasciales.

Par ailleurs, l’hypermobilité est une atteinte fréquente dans la population générale : environ 1 personne sur 10 est concernée à des degrés divers et ce sont plus souvent les femmes. Cette condition est surreprésentée chez les pratiquant.e.s de yoga car la pratique posturale des asanas peut devenir un facteur aggravant, notamment lorsque la personne n’apprend pas à gérer son hypermobilité. Et il suffit d’observer les pratiquant.e.s de yoga pour se rendre compte que les personnes hypermobiles sont plus particulièrement attirées par la pratique des asanas.

Et pour beaucoup de pratiquant.e.s, exploiter les limites de la flexibilité du corps peut devenir une idée fixe car il y a une forme de récompense sociale. Mais avec le temps, si on continue à s’étirer au-delà de notre amplitude de mouvement, cela va contribuer à endommager les tissus autour de l’articulation et provoquer des douleurs. Il est donc essentiel de travailler sur la stabilité.

Pour les femmes ménopausées, nous chercherons à maintenir la mobilité tout en hydratant le fascia grâce à des techniques de relâchement myofascial et de yoga doux.

Utilisons désormais les supports à travers la pratique du Yoga Restauratif ! Le Restorative Yoga est un yoga idéal pour les femmes durant toutes les phases hormonales de leur vie. Il permet de travailler sur l’ouverture des différentes zones du corps tout en permettant de réduire l’inflammation, relaxer et régénérer le fascia.

Une pratique de Restorative Yoga de 20 minutes : Supta Baddha Konasana

Posture extraite du livre Le Yoga Restauratif, 32postures pour se détendre réellement

Accessoires nécessaires : un tapis, deux à trois briques, deux bolsters, quatre couvertures et un coussin pour les yeux.

Crédit photo : Carlo Cattadori

Installation :

  • Commencez par placer sur votre tapis de yoga un bolster dans le sens de la longueur sur deux briques légérement inclinées vers l’avant : la brique située en haut du bolster en position verticale, celle située au milieu du bolster en position horizontale. L’objectif est toujours celui d’obtenir une position inclinée à quarante-cinq degrés.
  • Sur le haut du bolster, ajoutez une couverture standard pliée à deux étages : le plus élevé pour soutenir la tête ainsi que la septième vertèbre cervicale et le plus bas pour soutenir les épaules.
  • Asseyez-vous devant le bolster avec les jambes tendues devant vous. Allongez-vous sur le bolster. Il est important de ne pas laisser d’espace entre votre bassin et le bolster afin de soutenir au mieux les lombaires.
  • Pliez vos genoux, joignez vos plantes de pieds, avec vos genoux sur les côtés de votre tapis dans la position du papillon. Insérez un deuxième bolster sous vos genoux. Seulement dans le cas où vous disposez d’un bolster rectangulaire comme sur la photo, insérez sous celui-ci une brique. Vos genoux viendront se positionner sur l’arête du bolster. Gardez à l’esprit que l’intérieur des cuisses doit être détendu et ne pas être étiré. Il est important de soutenir suffisamment vos cuisses afin de ne pas étirer les ligaments sacro-iliaques antérieurs.
  • Enroulez les bords de la couverture le long du cou, de votre tête et sous les épaules pour vous sentir soutenu.e.
  • Posez vos mains relâchées sur votre ventre et soutenez vos coudes et vos bras à l’aide de deux couvertures enroulées de chaque côté de votre tronc.
  • Couvrez-vous, apposez un coussin sur vos yeux et relaxez-vous pendant vingt minutes.

Pour sortir de la posture :

  • Lorsque votre relaxation est terminée, reprenez petit à petit conscience de l’environnement qui vous entoure en effectuant de profondes respirations. Puis, sur une expiration, posez l’une après l’autre, les plantes de vos pieds au sol, tournez-vous sur le côté de votre choix, en restant toujours sur le bolster. Laissez tomber au sol votre coussin pour les yeux.
  • Et seulement, lorsque vous vous sentez prêt.e, reprenez une position assise.

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Dans cette masterclasse en deux parties de 75 minutes chacune, nous explorons :

  • Les fascias en tant que système de mouvement liquide ;
  • Les connexions entre nos fascias, notre système nerveux et leurs implications en terme de santé émotionnelle ;
  • Les connexions entre le système endocrinien, les fascias, l’inflammation et la douleur chronique ;
  • Les conséquences de fascias tendus et déshydratés ;
  • Le rôle des fascias dans le système immunitaire (et l’inflammation) ;
  • Comment les fascias sont liés à l’hypermobilité et à l’hyperlaxité et ce que nous pouvons faire ;
  • Comment le yoga restauratif et la thérapie manuelle peuvent aider.

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