La société dans laquelle nous vivons aujourd’hui nous porte à l’épuisement. Le capitalisme a fait de la productivité le pilier de notre éthique du travail. Une personne qui prend quelques minutes de repos peut être considérée comme improductive et paresseuse.

Le rythme des machines électroniques nous impose désormais leur rythme : plus vite, toujours plus vite, en tout cas plus vite que la vitesse que le corps humain peut supporter et, surtout, maintenant, tout de suite, quand ce n’est pas pour avant-hier !

Nous sommes tous hyperconnectés dans tous les secteurs de notre vie, au travail aussi, la frontière entre notre vie privée et notre vie professionnelle est devenue totalement poreuse, si ce n’est même invisible.

Celui qui réussit désormais n’est pas le plus intelligent ou le plus fort physiquement mais le plus rapide !

Or nos corps ont leurs propres rythmes biologiques, dont le cycle de base repos-activité. C’est un cycle ultradien de 80 à 120 minutes qui se répète tout au long de notre journée. Il se compose de 90 minutes d’activité avec des ondes cérébrales plus rapides et de 20 à 30 minutes de repos avec des ondes cérébrales plus ralenties. C’est pour cette raison que nous alternons des moments pleins d’énergie et d’autres où nos niveaux de concentration sont aux plus bas. Lorsque nous ne respectons pas ce cycle, nous ne donnons pas à notre cerveau et à notre système nerveux une pause pour se régénérer.

En privilégiant la productivité, on favorise également l’intellect, au détriment du corps et des émotions. Nous portons notre attention vers l’extérieur plutôt que vers l’intérieur. Or, pour se sentir émotionnellement équilibré, nous devons développer l’intéroception, notre capacité à recevoir, évaluer et répondre aux messages de notre corps. De faibles niveaux d’intéroception sont propices au burn-out, à la dépression, à l’inflammation, aux douleurs chroniques, à la dépendance et aux troubles gastro-intestinaux.

Le yoga restauratif est le yoga idéal pour prévenir et combattre le burn-out. Il nous permet d’apprendre à ralentir et d’écouter l’intelligence de notre corps. Confortablement installés dans les postures, nous sommes en mesure de lâcher prise et de calmer nos systèmes nerveux déréglés.

Une étude réalisée au Japon entre 2017 et 2018 sur une vingtaine d’infirmières de nuit par la Society for Women’s Health Science Research[1] a démontré les effets positifs d’une pratique régulière sur le stress chronique au travail.

En effet, changer l’état corporel peut être particulièrement aidant. Pour cela, la pratique de postures qui permettent d’ouvrir la cage thoracique et le haut de la colonne dorsale comme Setu Bandhasana permettent de contrecarrer les symptômes physiques et plus particulièrement, ce que Mel Robin appelle le réflexe tonique de flexion. Lorsque nous expérimentons un mal-être intense, le corps a tendance à se replier sur lui-même dans un acte d’autoprotection. Ces postures ont également l’avantage de stimuler notre énergie physique et peuvent nous aider à lutter contre l’épuisement. Elles sont idéales à pratiquer en début de journée.

La pratique nous permet également de développer notre capacité à porter notre conscience à l’intérieur de nous-mêmes. Quand le corps est au repos et l’esprit est éveillé, nous développons une réflexion interne constructive[2]. Lorsque notre attention se dirige sur les sensations physiques ressenties, nous interrompons le ressassement des événements du passé et ceux à venir ainsi que leur évaluation négative. Le développement de cette capacité est essentiel dans la gestion du burn-out.

La pratique stimule aussi l’activité du nerf vague. Lorsque nous avons fait face à un stress chronique, notre tonus vagal est réduit. Notre capacité à gérer les émotions et notre intelligence émotionnelle sont au plus bas. Par contre, lorsque notre tonus vagal s’améliore , la régulation de l’attention ainsi que des émotions est plus facile et cela favorise un comportement pro-social. La gamme des sensations que nous pouvons tolérer s’accroît.

La bonne nouvelle est que cette pratique est faite pour tout le monde, que l’on soit jeune ou moins jeune, sportif ou non, malade ou non. Elle s’adresse aux débutants tout comme pratiquants expérimentés car nous avons tous un système nerveux à réguler.

SALAMBA SETU BANDHASANA

Contre-indications :

  • Grossesse,
  • Cycle menstruel,
  • Sinusite ou rhume,
  • Reflux gastro-oesophagien,
  • Spondylolyse et spondylolisthésis,
  • Douleurs chroniques ou blessures au niveau du cou,
  • Décollement de la rétine.

Accessoires nécessaires : un tapis, deux bolsters identiques, trois à quatre couvertures, un coussin pour les yeux.

Crédit photo Carlo Cattadori

Installation :

  • Positionnez sur le haut de votre tapis une couverture standard dans le sens de la largeur. Juste en dessous, placez un bolster toujours dans le sens de la largeur. Puis, apposez perpendiculairement sous le premier bolster un second afin d’obtenir la forme de la lettre T.
  • Allongez-vous sur les bolsters afin que l’arrière de votre tête repose sur la couverture. Vos épaules, quant à elles, ne doivent pas touchées le sol. Elles l’effleurent tout juste.
  • Pliez les genoux et faites-les se reposer l’un contre l’autre pour relaxer au maximum le bas de votre dos.
  • Reposez vos bras de chaque côté de votre corps. Vous pouvez supporter vos poignets à l’aide de deux couvertures carrées qui seront positionnées sous vos poignets et vos mains. Vous pouvez poser dans le creux de chacune de vos mains un coussin pour les yeux.
  • Couvrez-vous, fermez les yeux et apposez un petit coussin sur vos yeux.
  • Relaxez-vous dans le silence entre 8 et 12 minutes.
Si vous avez envie d’en apprendre plus :

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Pour vous former, en savoir plus.

[1] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/1348-9585.12080

[2] Rest Is Not Idleness: Implications of the Brain’s Default Mode for Human Development and Education, M.H Immordino-Yang, J.A. Christodoulou, and V.Singh, (2012)